Abraham Anghik Ruben | Les esprits se rencontrent : Interactions Vikings-Inuits

Abraham Anghik Ruben | Les esprits se rencontrent : Interactions Vikings-Inuits

1er juin au 19 août 2017

La Guilde a fièrement présenté, dans le cadre du Festival international Présence autochtone de Montréal et en collaboration avec Terres en vues, une exposition solo du maître-sculpteur inuvialuit (Arctique du Nord Canadien), Abraham Anghik Ruben, Les Esprits se rencontrent : Interactions Vikings—Inuits. Cette exposition qui s’est tenue du 1er juin au 19 août 2017 a marqué le premier événement de la saison pour le festival. Pour l’occasion, l’artiste a présenté quinze sculptures. Chacune des pièces présentées était accompagnée de son dessin préparatoire. Récipiendaire de l’Ordre du Canada en 2016, Abraham Anghik Ruben est reconnu pour ses œuvres narratives fortement inspirées de mythes et légendes. Son œuvre métissée est jalonnée de diverses influences, s’inspirant à la fois des iconographies chrétienne, inuite, nordique et occidentale. Provenant d’une lignée de chamans inuits, qui sont les médiateurs entre les mondes des animaux, de la Nature, des esprits et des Hommes, Ruben, en tant qu’artiste, poursuit sa filiation en agissant comme médiateur entre son histoire, sa culture et ses croyances, et celui qui regarde son œuvre. Pour cette exposition, l’artiste a présenté ses interprétations personnelles de divers mythes vikings et inuits et leurs histoires correspondantes. Cette exposition était une véritable plongée dans l’univers des peuples nordiques !

À PROPOS D’ABRAHAM ANGHIK RUBEN

Né en 1951, Abraham Anghik Ruben a grandi dans un campement au sud de Paulatuk, Territoires du Nord-Ouest, à l’est du delta de la rivière Mackenzie. Les communautés d’Inuvialuits ont côtoyé les Occidentaux qui se sont succédés : les baleiniers, puis la Gendarmerie royale du Canada, les missionnaires chrétiens, et finalement la compagnie de la Baie d’Hudson. Les Inuits y vivaient selon les anciennes traditions, bien qu’élevés selon la pensée chrétienne, et ils profitaient des matériaux, de la culture et d'autres outils provenant des Occidentaux. Arraché à ses parents et à sa culture à l’âge de huit ans, il est envoyé dans un pensionnat autochtone avec ses frères et sœurs. Il en sortira seulement à l’âge de 19 ans. Ce traumatisme lui laissera des cicatrices émotionnelles et culturelles profondes. Il rejoint par la suite le Native Arts Centre à l’Université de l’Alaska en 1971, et suit une formation qui durera six ans, où il développe un intérêt particulier pour le design et l'utilisation de matériaux. Son professeur Ronald Senungetuk aura alors une grande influence dans son cheminement et sa pratique. Rapidement, la maîtrise de son médium, sa technique et les thématiques abordées lui valent d’être repéré, entre autres par la galerie Pollock à Toronto, où il a son premier vernissage à l’âge de 25 ans.

Abraham Anghik Ruben est récipiendaire de l’Ordre du Canada en 2016. Il a participé à plusieurs expositions collectives d’art contemporain, tel Noah’s Ark en 2004, du Musée des beaux-arts du Canada, où son travail était exposé à côté d’artistes tels que Brancusi, Degas, Picasso, Louise Bourgeois, Brian Jungen et Kiki Smith. Le Museum of Inuit Art lui a consacré une exposition solo, Beyond Aurora Borealis, en 2015-2016. Ses œuvres font partie de collections muséales importantes, comme celle du Musée canadien de l’histoire, du Smithsonian’s National Museum of the American Indian et de la Winnipeg Art Gallery. On peut également admirer son travail à l’ambassade du Canada à Washington et à la Cerny Inuit Collection en Suisse. Depuis 1986, il vit avec sa famille et travaille à Salt Spring Island, en Colombie-Britannique.

DÉMARCHE DE L’ARTISTE

« Comme artiste, les cultures et les peuples de l'hémisphère Nord m'ont toujours fasciné. Cet intérêt m'a poussé à explorer la relation immémoriale entre Vikings et Inuits. Il y a d'intéressants parallèles à faire entre ces deux peuples nordiques. Au moment du premier contact, ils partageaient des croyances religieuses et spirituelles semblables, qu'ils pratiquaient par leurs rites chamaniques respectifs. Leurs traditions spirituelles, culturelles et artistiques ne se sont cristallisées qu'après de longues périodes, renforcées par les liens qu'ils entretenaient avec la terre et les puissants esprits habitant ces lieux. Mes sculptures qui dépeignent les mythes, légendes et histoires vikings comportent des motifs et lignes décoratives vikings. J'ai adapté ou modifié mes designs afin que leur effet visuel soit mis en valeur et pour que le sentiment d'appartenance à ces lieux et à cette époque soit bien traduit. À titre de conteur, j'ai tenté de ranimer ces voix anciennes datant d'une époque où ces deux peuples nordiques vouaient un profond respect envers la terre et toute espèce vivante s'y trouvant qui contribuait à la survie et à la subsistance. »

- Abraham Anghik Ruben

PRÉSENCE AUTOCHTONE / TERRES EN VUES

Terres en vues est le maître d’œuvre du Festival international Présence autochtone de Montréal, manifestation culturelle et artistique multidisciplinaire qui fait de Montréal, pendant dix jours en août, le chef-lieu de la créativité indigène des trois Amériques. Trois objectifs stratégiques avaient été fixés lors de la fondation en 1990: créer un grand festival des Premières Nations à Montréal, commémorer la Grande Paix de Montréal de 1701 lors de son tricentenaire, amener l’établissement d’un lieu permanent pour les cultures premières dans la métropole québécoise. Mission : arrimer la renaissance artistique et culturelle des premiers peuples au dynamisme culturel d’une grande métropole dans une perspective de développement durable basée sur l’amitié entre les peuples, la diversité des sources d’expressions comme richesse collective à partager et la reconnaissance de la spécificité des Premières Nations.

Image : ABRAHAM ANGHIK RUBEN, Les transformations d’Odin. © Kipling Gallery
Photo : Vue d'exposition, 2017. © La Guilde

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